- CALLICRATÈS
- CALLICRATÈSCALLICRATÈS (\CALLICRATÈS Ve s.)Callicratès est un architecte athénien à qui revient, selon Plutarque (Vie de Périclès , XIII, 7), la construction du mur médian du système de remparts unissant Athènes au Pirée (les Longs Murs) et celle du Parthénon, en collaboration avec Ictinos. Des fragments d’inscriptions indiquent qu’il fut aussi l’auteur, sur l’Acropole, d’un mur de soutènement (Inscriptiones Graecae , 1er vol., 2e éd. [IG I2], 44) et des plans du temple d’Athéna Nikè (ibid. , 24). On a tenté de reconstituer, à partir de ces quelques points assurés, l’œuvre de ce grand architecte, qui semble avoir eu une part considérable dans l’extraordinaire floraison monumentale du siècle de Périclès.Selon I. M. Shear (Hesperia , vol. XXXII, 1963), il serait également l’auteur du temple dit de l’Ilissos, vu et étudié par Stuart et Revett peu avant sa destruction en 1778, du «temple des Athéniens» dans le sanctuaire d’Apollon à Délos, de l’Érechthéion qui remplace sur l’Acropole le «Vieux Temple» d’Athéna détruit par les Perses en \CALLICRATÈS 480. Tous ces édifices ont en commun d’être de style ionique, sauf le temple de Délos, et amphiprostyles (colonnades limitées aux façades), sauf l’Érechthéion qui, pour des raisons topographiques, est seulement prostyle (colonnade limitée à la façade est). Ils présentent également des similitudes de détail qui semblent être la signature de Callicratès: une même tendance à créer un espace intérieur carré; un même recours à l’inclinaison vers le centre des éléments portants, ce qui donne au volume global une cohésion accrue (temple d’Athéna Nikè et Érechthéion), et surtout une modénature originale et pratiquement identique des bases de colonnes et de murs.Alors que I. M. Shear laisse en suspens le problème de la participation de Callicratès au Parthénon, R. Carpenter (The Architects of the Parthenon , Penguin Books, 1970) reconstitue sa carrière à partir des tribulations de cet édifice, exceptionnel à tous égards. Commencée après \CALLICRATÈS 490 avec le butin de la victoire de Marathon sur les Perses, la construction du Parthénon, interrompue par l’occupation perse de l’Acropole en \CALLICRATÈS 480 et \CALLICRATÈS 479, aurait été confiée à Callicratès dans les années \CALLICRATÈS 460 par Cimon, chef du parti conservateur alors au pouvoir à Athènes. Une partie de la colonnade et de l’entablement aurait déjà été érigée ou préparée (notamment les métopes remployées au côté sud du Parthénon de Périclès, dont le style est nettement antérieur à celui des autres) quand la mort de Cimon à Chypre, en \CALLICRATÈS 450, assura à Périclès, chef du parti progressiste, la haute main sur les affaires d’Athènes, qu’il devait conserver jusqu’à sa mort. Celui-ci aurait alors confié à Phidias la supervision des travaux de l’Acropole, repris sur d’autres bases, Ictinos succédant à Callicratès pour réaliser un Parthénon à l’espace intérieur élargi aux exigences de la statue chryséléphantine de Phidias. La disgrâce de Callicratès serait confirmée par le fait que le décret (IG I2, 24) qui décide, vers \CALLICRATÈS 450, l’érection du temple d’Athéna Nikè par Callicratès n’a été exécuté qu’en \CALLICRATÈS 427-\CALLICRATÈS 426, après la mort de Périclès. Entre-temps Callicratès, exclu de l’Acropole, aurait été dédommagé en se voyant confier la construction, non seulement des bâtiments ioniques ou ionisants que I. M. Shear a rapprochés, mais aussi des temples d’Héphaïstos sur le flanc ouest de l’Agora (pseudo-Théséion), de Poséidon au cap Sounion, d’Arès à Acharnes (transporté plus tard sur l’Agora) et de Némésis à Rhamnonte — quatre édifices doriques qui ont parfois été attribués à un même architecte anonyme: c’est la parenté entre le temple des Athéniens à Délos et l’Héphaïstéion qui étaye cette hypothèse, ainsi que la présence, inattendue dans un bâtiment dorique, d’un pied de mur mouluré, aussi bien au pré-Parthénon de Cimon qu’à l’Héphaïstéion et au cap Sounion. Si l’on se range à cette hypothèse maximaliste, ce seraient donc au moins huit temples (le cas de l’Érechthéion restant douteux pour Carpenter) que Callicratès aurait construits entre \CALLICRATÈS 465 et \CALLICRATÈS 420 au cours d’une carrière exceptionnellement longue et féconde.R. Martin a exprimé une réticence marquée devant cette chaîne trop brillante d’attributions (cf. «L’Atelier Ictinos-Callicratès au temple de Bassae», in Bull. de correspondance hellénique , no 100, 1976; L’Art grec , chap. XI, Le Livre de poche, 1994). Pour sa part, il ne reconnaît la marque de Callicratès qu’au Parthénon de Phidias et d’Ictinos et dans les temples de l’Ilissos, d’Athéna Nikè et des Athéniens à Délos. Dès lors, son originalité apparaît plus nettement: il aura été, dans l’architecture attique de la seconde moitié du \CALLICRATÈS Ve siècle, l’introducteur de l’ordre ionique, qui s’insinue désormais jusque dans les grands bâtiments doriques: espaces intérieurs plus aérés, moulures décoratives au pied ou au haut des murs, frises historiées, etc. C’est pourquoi R. Martin propose d’attribuer à «l’atelier Ictinos-Callicratès» la reprise des travaux du temple d’Apollon Épicourios à Bassae-Phigalie après \CALLICRATÈS 425 — collaboration qui aurait donc survécu à l’achèvement du Parthénon, quoique Pausanias (VIII, XLI, 9) ne mentionne qu’Ictinos à propos de ce temple. Callicratès y serait l’auteur de l’espace intérieur, dont la parure ionique originale dément l’ordre dorique extérieur, avec ses colonnes engagées, sa frise sculptée et surtout la colonne unique à chapiteau corinthien — dont c’est le premier exemple connu — qui sépare la cella de l’adyton.En l’absence de toute autre certitude que sa participation à l’une des phases — pénultième ou finale? — du Parthénon et que la réalisation différée de ses plans pour le temple d’Athéna Nikè, la figure à peine esquissée de Callicratès ne manquera pas de provoquer encore d’autres attributions, qui s’efforceront de donner corps à ce nom qui paraît lié à l’épanouissement du style ionique en terre attique.
Encyclopédie Universelle. 2012.